Escapade à Varanasi

Publié le par tribulations-indiennes

Le week-end dernier nous sommes partis en amoureux à Varanasi (anciennement appelé Bénarès).

 

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Quand je dis en amoureux, je veux dire sans les enfants, car la destination n'a rien de romantique.


ll s'agit d'un haut lieu de pélerinage pour les hindous.


"C'est pour les croyants, le point de rencontre du monde physique et du monde spirituel.


Chaque année, 3 ou 4 millions de pèlerins (60 000/jour) viennent effectuer leurs ablutions rituelles dans le Gange pour se décrasser l'âme, les eaux du fleuve étant censées laver de tous les péchés accumulés au cours des vies passées.


Ici, plus qu'ailleurs, la mort est présente, elle fait partie de la vie.

 

Et pour cause : les hindous viennent y mourir en masse, car rendre son dernier soupir à Varanasi c'est en finir avec le cycle (infernal !) des réincarnations et atteindre sur-le-champ la moksha (ndlr : le paradis quoi).

 

Vous voilà dans le coeur palpitant de l'hindouisme, la ville où s'expriment avec la plus grande ferveur les croyances de près de 900 millions d'individus !


Ceux qui ne peuvent laisser de côté les codes de vie de notre modèle occidental passeront à côté de cette effervescence et perdront leur temps à râler contre les vaches sacrées, contre le bruit, contre les mendiants, j'ajouterai contre les odeurs nauséabondes, contre... stop !


Si vous n'aimez pas, partez et ne vous retournez pas.


En revanche, le premier choc absorbé comment ne pas être happé par cette vie grouillante au bord du Gange, percevoir la ferveur sacrée des cérémonies du soir, s'immerger dans ce flux humain et ne pas observer tous les petits métiers qui en font la gaieté ? Comment ne pas avoir envie de se perdre dans les venelles sombres et étroites.


Le voyage dans cette cité ne laisse jamais le voyageur intact, on quitte toujours Bénarès en ayant perdu ou gagné une parcelle de son âme". Le Routard

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"Mourir à Varanasi :


En principe tout hindou qui meurt à Varanasi à l'assurance de voir son âme monter au ciel (puis d'y rester) sans passer par le cycle sans fin des renaissances.

 

C'est pour cela que Varanasi se révèle être une ville de la mort.

 

Il n'est donc pas rare de rencontrer des vieillards, assis sur le bord du Gange, attendant leur fin prochaine.


Il n'y a pas si longtemps encore, on y transportait les malades jugés incurables afin de les laisser mourir dans de petites huttes de branchages bâties sur les rives.

 

Malheur à ceux qui survivaient ! Considéré comme un refus des dieux de les accepter, cela entraînait leur rejet parmi les hors-castes.


Ce désir de mourir au bord du Gange, lieu entre tous porteur d'espoir du salut pour les générations passées, présentes et futures, explique aussi la profusion de palais plus ou moins luxueux, érigés par les maharajas tout au long du fleuve, mais aujourd'hui à l'abandon." Le Routard

 

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Pélerins ou/et mendiants ?  DSC05966.JPG

 

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"Le quartier du Chowk est le vieux quartier qui longe les ghâts (NDLR nom des escaliers menant au Gange).

 

Il y règne une atmosphère saisissante à la tombée de la nuit, surtout si vous tombez nez à nez, au détour d'une ruelle, avec le corps d'un défunt que sa famille conduit en cortège au lieu de crémation.


Ce quartier est le seul que l'on connaisse où il est impossible de se diriger sans demander son chemin.


Les ruelles sont tortueuses et si étroites que la circulation des voitures et des charrettes y est impossible ; n'y passent que des deux-roues, hélas pétaradantes.


Ces venelles sont toujours très généreuses en odeurs et en animation.


En plus des effluves d'urine et autres Emoji, les détritus de toutes sortes y pourrissent en compagnie de guirlandes de fleurs rescapées des autels. Des vaches et des chèvres se chargent des les éliminer.


Quand on interroge un habitant sur cet état de fait, on s'entend répondre "le lotus éclôt sur la pourriture, mais sa robe n'est pas souillée". Inde surprenante, incroyable !" Le Routard


En nous perdant dans les ruelles, on a vu plein de petits métiers.


L'imprimeur

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Les éboueuses

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Quand je vous dis que les Indiens dorment à toute heure du jour ou et de la nuit et n'importe où !

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Le marchand de barbes à papa

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Le barbier

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Le meunier

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Le cuisinier

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Le couturier-brodeur

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Le fromager

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Le chauffeur de "bus" qui ramène les enfants de l'école

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Le marchand de thés

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"Gange à tout faire :


Les pèlerins doivent se baigner en cinq endroits différents.

 

Chaque matin, le rite pour atteindre l'état de pureté et la moksha (la délivrance) est immuable : prononcer le mantra sacré, s'immerger complètement trois fois de suite et boire une gorgée d'eau du Gange dans sa main.

 

Après, libre à lui ou elle, de se brosser les dents, de se laver les cheveux, de se savonner un bon coup, de nager, de laver son linge..." Le Routard


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Cet enfant n'était pas à l'aise avec l'eau, il se trempait juste le bout du nez, alors après sa maman lui enfonçait la tête afin qu'elle soit entièrement immergée.

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Pliage des draps... qui ont été lavés dans le Gange !


Après avoir vu ceci, je me suis dit que les draps de notre hôtel avaient probablement suivi le même traitement. Emoji

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J'ai un peu discuté avec cette famille. Ils étaient de Chennai (anciennement Madras) à 400km à l'est de Bangalore, au bord de la mer.


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Ce sont des brahmanes, la plus haute caste, facilement reconnaissable lorsqu'ils sont torses nus, car les hommes portent un cordon de "laine" en bandouillère qu'ils ne quittent pas.

 

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Vente de bouteilles plastiques pour rapporter chez soi de l'eau sacrée du Gange.

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"Varanasi et les vaches :


Une raison d'aimer ou de détester Varanasi, ce sont les vaches.

 

Avant même d'être la ville du Gange, Varanasi est la cité des vaches.

 

Elles sont partout, dans la gare, sur les ghâts, dormant en travers des rues, formant de véritables troupeaux qui bouchent les ruelles." Le Routard


Vache fouineuse, s'invitant dans un magasin

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et là, chez un particulier

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A Varanasi, mieux vaut regarder où on met les pieds, et encore, heureusement que les bouses leur servent de combustible, comme ça au moins ils les ramassent, sinon je n'ose pas imaginer ce que ça serait !


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"Gardez nos ghâts propres, gardez le Gange propre".

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Affiche placardée près du Gange, objectifs améliorer la qualité de l'eau, éviter la pollution, pour cela abstenez-vous de vous laver, de laver vos vêtements, de faire vos besoins, de jeter des cendres dans le Gange... 


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Malgré les recommandations, euh, comment dire, il y a encore un peu de travail ! 

 

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"Les crémations :


Ici on dit que le feu ne s'est jamais arrêté depuis plusieurs milliers d'années.

 

Ce n'est pas une simple phrase, c'est une réalité.

 

Certains Indiens ne connaissent d'ailleurs la ville que sous le surnom de Maha Shmashan Puri qui veut dire "le feu qui ne s'arrête jamais".


Mourir à Varanasi est le voeu le plus cher pour celui qui a la foi.


Plus la caste est basse, plus le corps se retrouve près du Gange.

 

Une crémation coûte au moins 1 500Rs (17 €).

 

On achète généralement le bois près des ghâts.


Il faut environ 350kg de bois pour assurer une crémation parfaite.

Le bois de santal, le plus cher peut coûter jusqu'à 100Rs/kg (1,17€). Le moins cher coûte 5Rs/kg, mais il brûle beaucoup moins bien.


La cérémonie de crémation obéit à un rituel précis : on plonge d'abord dans le fleuve le corps recouvert d'un linceul coloré et de fleurs, attaché à une civière de bambou.

 

Puis les membres de la famille versent de l'eau du Gange sur le corps.

 

On l'installe sur le bûcher, en présence des membres de la famille (ici les femmes sont exclues), le fils aîné (ou le parent mâle le plus proche qui se sera fait raser la tête en gardant seulement un petit épi de cheveux) met le feu au bûcher en tournant cinq fois autour.

 

Il est aussi chargé de fracasser le crâne d'un coup de hachette pour libérer ce qui reste d'âme dans le corps.


Seuls les nouveau-nés, les victimes de cobras (serpent sacré), les lépreux, les femmes enceintes considérés comme purs, peuvent être dispensés de cette purification par le feu. Ils sont directement immergés dans le Gange." Le Routard

 

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Le site où ont lieu les crémations

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Balance pour peser le bois

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Curieusement ce qui m'aura le plus marquée dans cette ville où la mort fait partie de la vie, ce sont les mariages.


A priori ce devrait être heureux, mais les mariages ici n'ont rien à voir avec ce que l'on peut connaître dans nos cultures occidentales.


Il s'agit  bien sûr de mariage arrangé, et les époux se voient parfois, pour la première fois le jour de leur noce.

La mariée est en rouge, le blanc ici est signe de deuil.

 

Le marié semblait bien seul, personne ne lui parlait, heureusement il avait son téléphone portable avec lequel il jouait.

Sa jeune épouse à ses côtés n'a presque pas touché au repas et ils se sont à peine parlé.


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Quel âge a cette fillette ? 

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On a vu des "cortèges" composé de six personnes, y compris les jeunes époux.

 

La fillette semblait littéralement soutenue par sa maman,  donnant l'impression d'aller à l'abattoir.

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Bien que le versement d'une dot soit interdit depuis plus de cinquante ans, la pratique est encore très répandue, et les familles s'endettent au-delà du raisonnable.


Après les noces, la jeune fille ira habiter dans la famille de son époux et d'après ce que j'ai pu percevoir à travers mes lectures, elle n'aura pas la vie belle.

 

 

 

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Si vous n'en n'avez pas marre, il y a encore de nombreuses photos ci-dessous.

 

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